MEDEF 2012
Corbel, P., Rapport sur l’étude "Les relations recherche publique – industrie : attentes, points de tension et convergences", rapport remis au MEDEF, février 2012, 59 p.
Introduction :
Le thème des relations entre laboratoires publics de recherche et industriels attire une attention croissante. La France se singularise en effet, par rapport à d’autres pays développés par un poids important du financement de l’Etat dans la R&D (38% en 2005 ). Même si les financements publics dépassent le seul budget des laboratoires publics, ces derniers représentent tout de même un investissement fort pour les pouvoirs publics. L’Etat s’est donc intéressé à l’impact économique de cet investissement, et notamment à la manière dont les connaissances ainsi créées bénéficiaient aux industriels français. De ce point de vue, les diagnostics effectués sont souvent plutôt pessimistes (voir par exemple le rapport Guillaume de 2007).
Face au constat d’un certain retard français en matière de valorisation de la recherche publique, de nombreuses mesures ont été prises à partir des années 1990 : création des réseaux de recherche et d’innovation technologique (RRIT) en 1998, loi dite « Allègre » de 1999, plan innovation de 2003, réforme du crédit impôt recherche de 2004, création des pôles de compétitivité en 2005, puis plus récemment création des sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT) et des instituts de recherche technologique (IRT). Mais les dispositifs ne suffisent pas à établir des relations. Le but de cette étude, réalisée à la demande du MEDEF, est d’approfondir notre connaissance des aspects relationnels de la valorisation de la recherche publique. Il ne s’agit pas ici d’en mesurer les résultats, mais bien d’essayer de comprendre ce qui pousse les entreprises à nouer des partenariats avec des laboratoires, la manière dont se structurent ces derniers et comment les responsables d’entreprise perçoivent les attentes des deux types de partenaires.
L’orientation de cette étude repose sur deux constats :
- D’un côté, les entreprises sont plus conscientes que jamais de la nécessité de coopérer avec des tiers dans le cadre de leurs activités de R&D (comme en témoigne la popularité du concept d’innovation ouverte proposé par Chesbrough, 2003). Parmi ces partenaires, figurent les organismes de recherche publics, les universités et les écoles d’ingénieurs.
- De l’autre, on sait que les partenariats d’innovation sont des montages complexes, qu’ils sont potentiellement générateurs de conflits (Fréchet, 2004) et pour lesquels des relations de confiance sont à la fois indispensables et difficiles à mettre en place (voir par exemple Ingham et Mothe, 2003).
C’est donc plus particulièrement aux attentes des partenaires et aux conditions à réunir pour que le partenariat fonctionne de manière harmonieuse que nous nous intéressons dans cette étude. C’est pourquoi il a été décidé, en accord avec le MEDEF, de privilégier l’approfondissement par rapport à la recherche d’un échantillon quantitativement important. Nous avons procédé à des entretiens approfondis (le guide d’entretien figure en annexe 1) avec 14 responsables de R&D en charge de ces questions (voir la liste des personnes interrogées en annexe 2). Nous avons ensuite analysé le discours de nos interlocuteurs en nous fondant sur les thèmes du guide d’entretien. Dans 12 de ces 14 cas, nous avons pu analyser une retranscription intégrale des propos des responsables, évitant ainsi les biais introduits par le filtrage au niveau de la prise de notes. Les idées clés des deux autres entretiens ont bien sûr également été intégrées à ce rapport.
Nous abordons successivement le contexte dans lequel se construisent ces partenariats, les attentes des industriels vis-à-vis de ces derniers, la manière dont ils perçoivent les attentes de leurs partenaires académiques, puis nous reprenons les principales étapes du déroulement de ces collaborations. Nous essayons ensuite de tirer un certain nombre d’enseignements de nature plus générale.
Dans ce rapport, nous laissons volontairement une très grande place aux propos de nos interlocuteurs : nous introduisons simplement des synthèses reprenant les idées clés et des mises en perspective par rapport aux travaux académiques sur certains sujets. Le document comporte donc un grand nombre de citations entre guillemets : les seuls changements apportés au texte sont la suppression des mentions qui ne permettaient pas de respecter l’anonymat des personnes interrogées. Il faut garder à l’esprit que ces propos ont été tenus oralement, d’où un style qui peut différer de celui habituellement utilisé dans un document écrit.
Lien :
Le rapport peut être obtenu auprès de l'auteur.