Ouvrage 2013 Chapitre 8
Corbel, P. « Le concept de chaîne de valeur dans l’économie de la connaissance : une réflexion sur ses limites et son potentiel d’évolution » in P. Hermel et P. Corbel, Le management des évolutions organisationnelles et stratégiques, L’Harmattan, février 2013, p.225-245
Introduction :
Le concept de chaîne de valeur est né, au moins dans son acception la plus courante en management stratégique, au milieu des années 1980 sous la plume de M. Porter. Il lui permettait de dépasser une simple analyse en termes d’environnement concurrentiel pour s’intéresser à la manière dont une entreprise pouvait capter une partie de la valeur créée par ses activités et dégager une marge par rapport aux coûts engendrés par ces dernières. Porter découpait ces activités en fonctions primaires, visant la mise à disposition des clients des biens ou services concernés et fonctions de soutien, destinées à améliorer l’efficacité de ces fonctions primaires. Les fonctions primaires étant la logistique, la production, la commercialisation et le service, on voit que la vision de l’entreprise sous-jacente est celle d’une entreprise « classique », plutôt industrielle, et créant de la valeur par la fabrication et la vente de ses produits.
Or, depuis, l’environnement économique et institutionnel a considérablement évolué. Beaucoup d’entreprises se sont recentrées sur leurs compétences stratégiques clés, externalisant progressivement une partie importante de ces fonctions primaires. Parallèlement, chacun s’accorde pour souligner l’importance jouée par les activités liées au savoir et à l’information dans ce nouveau contexte. Autrement dit, dans le domaine de la stratégie , l’attention se focalise davantage sur les fonctions de conception et le système d’information.
Cet article a pour but de resituer le concept de chaîne de valeur dans le nouvel environnement des entreprises en ce début de XXIe siècle. S’agit-il d’un concept dépassé, symbolisant la substitution progressive à l’approche portérienne des concepts-clés de la « Resource-Based View » (RBV) ou encore de l’approche relationnelle (Dyer et Singh, 1998) ? Ou est-il encore susceptible d’apports substantiels à l’analyse stratégique, à condition d’y intégrer les effets de ces évolutions récentes ?
Nous verrons que le principe de base du concept est tout à fait susceptible de s’adapter à une économie centrée sur le savoir. Après une brève synthèse des apports et limites de l’approche en termes de chaîne de valeur, nous proposons le concept de chaîne de valeur centrée sur le savoir. Nous en développons les apports potentiels et les limites. Nous proposons ensuite une première réflexion sur l’articulation entre les deux concepts.
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