Ouvrage 2011 Chapitre 3
Chevreuil, S. ; Corbel, P. et MBongui-Kialo, S. « Le brevet comme input dans le processus d’innovation : le cas Peugeot-Citroën Automobiles », in P. Corbel et C. Le Bas, Les nouvelles fonctions du brevet – Approches économiques et managériales, Economica, décembre 2011, p.45-61
Introduction :
Le brevet est couramment et à juste titre considéré comme l’un des outputs potentiels d’un processus d’innovation. Le but de ce chapitre est de montrer qu’il ne s’agit pas seulement d’un output, mais aussi d’un input. Il s’agira donc ici de voir en quoi le brevet peut constituer un moyen d’améliorer les performances d’une organisation en matière d’innovation technologique.
Cette relation « inversée » entre brevet et innovation passe par trois canaux qui ont été identifiés par ailleurs mais ont donné lieu à peu d’études approfondies.
Le premier passe par l’analyse des brevets des concurrents (et parfois de ses propres brevets) avec pour but de vérifier si une solution technique est libre de droits, mais aussi pour tenter de contourner les inventions protégées (« inventing around »). Cette démarche autour de la veille technologique a tout de même fait l’objet d’un certain nombre de travaux (Grandstrand, 1999 ; Pitkethly, 2001), que nous complétons ici grâce à une étude de cas au sein du groupe PSA Peugeot-Citroën menée par Sylvain MBongui-Kialo dans le cadre de son travail doctoral.
Le deuxième passe par la motivation et l’implication organisationnelle. Si cette fonction du brevet est intégrée à certaines études quantitatives récentes (Blind et al., 2006), elle n’a pas fait l’objet, à notre connaissance, d’études empiriques approfondies avant une étude au sein des bureaux d’études de la même entreprise par Pascal Corbel et Sébastien Chevreuil (voir Corbel et Chevreuil, 2009). Nous synthétisons ici les résultats de cette étude.
Cette dernière avait également fait émerger un troisième canal, susceptible de faire le lien entre les deux premiers : le brevet peut aussi être analysé comme un moyen d’animation des départements de R&D. Après avoir analysé ces trois « canaux » de manière séquentielle, nous esquissons quelques pistes pour en tirer le meilleur parti simultanément.
Nous insistons dans ce chapitre sur l’effet du brevet dans le cadre d’une activité de R&D interne. Or, dans les systèmes d’innovation ouverts (Chesbrough, 2003), le brevet a également un rôle à jouer (Ayerbe et Chanal, 2010). Il peut en effet favoriser les partenariats entre entreprises à plusieurs niveaux. Cet aspect est toutefois traité de manière spécifique par Julien Pénin dans le chapitre suivant.
Compléments :
On trouvera les références bibliographiques complètes de l'ouvrage sur le site "Innovation-stratégie".
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