AIMS 2015a
Corbel, P. et Kadji NGassam, M. « Marque et modèles d’affaires : le cas des logiciels libres », Actes de la XXIVème Conférence Internationale de l'AIMS (Association Internationale de Management Stratégique), Paris, juin 2015
Résumé :
Ce papier vise à étudier le rôle de la marque dans le cas d’un régime d’appropriabilité faible. Le point de départ théorique est la place ambigüe de la marque dans le modèle « profiting from innovation » de David Teece que les travaux sur les complémentarités entre droits de propriété intellectuelle, au demeurant encore assez rares, ne permettent pas d’éclairer. Nous nous sommes fondés sur trois études de cas dans le domaine du logiciel open source, qui se caractérise par un régime d’appropriabilité particulièrement faible. Nous montrons que la marque est susceptible de jouer un rôle central dans le modèle d’affaires des éditeurs de logiciels open source : ce dernier consiste souvent à vendre des services périphériques au logiciel et détenir une marque de référence devient un enjeu fort dans un cadre où la compétition ne peut porter sur la différenciation du produit principal. Dans un tel cadre, la marque se positionne donc comme un actif complémentaire particulièrement important. Dès lors, le contrôle d’une marque peut devenir l’objet de conflits menaçant la pérennité des projets.
Ce travail conforte donc la possibilité d’utiliser le modèle « profiting from innovation » comme outil d’analyse dans le cadre des réflexions sur un modèle d’affaires. Il permet également de compléter les travaux sur les complémentarités entre droits de la propriété intellectuelle, qui reposent souvent sur l’idée d’un renforcement mutuel ou de la prolongation des avantages liés à des droits à durée de vie limitée grâce à l’utilisation d’autres droits, en éclairant son rôle lorsque les autres droits sont inexistants ou faibles. La marque mériterait donc un traitement plus approfondi aussi bien dans les recherches en management stratégique que dans les négociations d’accords de consortium dans les projets collaboratifs et dans la mise en œuvre de leur modèle d’affaires. Nous espérons que ce papier contribuera à attirer l’attention sur ce droit de propriété intellectuelle dont personne ne conteste l’importance mais qui occupe in fine une place modeste dans nos modèles d’analyse stratégique.